Promenade naturaliste et historique sur le littoral

à partir du phare de Biarritz

 

Carte IGN TOP25 1/25000 1344 OT "Bayonne - Anglet - Biarritz - Côte d'Argent"

 

Les repères de type (BTZ01) renvoient au tableau de coordonnées GPS

 

Téléchargement direct des points grâce au travail de

Jean Pierre Guyon

Ce parcours le long du littoral biarrot qui déborde jusqu'à Bidart sera l'occasion de découvrir en détail le patrimoine, connu, méconnu ou parfois mal connu, que j'ai eu la chance de parcourir au quotidien depuis mon enfance.

Le phare de Biarritz

Le phare de Biarritz

Le point de départ du parcours (BTZ01) se trouve devant le portail du phare de Biarritz, situé sur le Cap Saint Martin, qui se nommait autrefois Cap Haitzart. Ce n'est qu'au mois de septembre 1997 que l'esplanade où l'on se trouve a été baptisée "Esplanade Élisabeth II", à l'occasion de la semaine britannique organisée en l'honneur du Jubilé de sa Majesté.

Pour commencer, parlons du phare qui nous domine: c'est la commission des phares qui publia, en 1825, son programme pour l'éclairage des côtes françaises. Deux phares de premier ordre à feux tournants devaient être édifiés à Biarritz et Cordouan. Entre eux, un feu fixe de second ordre était projeté au Cap Ferret. Suite à cette décision, la première pierre du phare de Biarritz fut posée en 1829. Sa construction se heurta cependant à un problème technique inattendu ! Alors que ses fondations étaient prévues à 2m de profondeur, une cavité fut découverte en-dessous de l'édifice, et il fallut donc les faire descendre jusqu'à 4,70m de profondeur... Nous reparlerons un peu plus tard de cette cavité...

Équipé d'une lampe à huile, il fut opérationnel à partir du 1er février 1834 et ne cessa pas de fonctionner jusqu'à ce qu'il soit pourvu d'une nouvelle lampe à huile bicolore (rouge et blanc) qui fut mise en service le 3 août 1861. La lampe d'origine fut alors réutilisée pour équiper le phare de Contis.

Le 15 août 1904, il fut équipé d'une lampe à pétrole qui tournait sur une cuve remplie de mercure. Elle produisait des éclats de couleur blanche groupés par deux.

Hélas, les informations ne circulaient pas aussi vite que de nos jours, et dans la nuit du 14 au 15 décembre 1907, le "Padosa", trois-mâts norvégien du port de Fyedors, jaugeant 644 tonneaux, fit naufrage à proximité de la Roche Plate... Le capitaine n'était pas au courant du changement de feu ! Le voilier se déchira et sombra dans une mer en furie. Sur les onze hommes d'équipage, cinq furent recueillis à la Grande Plage et trois à la plage Miramar. Trois guides-baigneurs biarrots laissèrent leur vie dans ce sauvetage. En récompense des efforts qu'il avait déployés au cours de ce sauvetage périlleux, Joseph Fourquet, dit "Carcabueno" reçut en 1908, la médaille du Roi de Suède.

Le phare de Biarritz

Naufrage du PadosaLes débris du Padosa sur la Grande Plage

Le 1er janvier 1934, un séisme de magnitude 5 sur l'échelle de Richter secoua la région. Du mercure s'échappa de la cuve, et le phare s'arrêta de tourner!

Éteint pendant la seconde guerre, il fut rallumé le 8 juin 1945.

Finalement, le phare de Biarritz ne fut électrifié que le 20 janvier 1953 !

Pour les personnes qui souhaitent visiter le phare, voici le lien direct pour tout savoir sur les horaires et les tarifs: visites phare de Biarritz

Deux cent quarante huit marches de pierre doivent être escaladées avant de terminer par 8 marches en fonte pour atteindre son sommet, à 44m au-dessus du sol, et à 73,20m d'altitude. La vue s'étend des Landes (au Nord) jusqu'au Pyrénées (au Sud), avec le site incomparable de Biarritz à nos pieds. Ce belvédère est idéal pour prendre conscience que nous nous trouvons à l'extrémité Sud de la côte landaise, constituée d'un cordon dunaire continu, et que le Cap Saint Martin est la première pointe d'une côte rocheuse qui se poursuit vers le Sud.

Escalier du phare de BiarritzEscalier du phare de BiarritzLa lentille du phare de Biarritz

Côte landaiseBiarritzBiarritz

En particulier pour les personnes qui ne sont pas montées au phare, il est temps de prendre le chemin sur la droite qui passe devant les toilettes publiques, pour aller rejoindre l'extrémité Nord-ouest (BTZ02) de l'esplanade engazonnée située derrière le phare. De ce point, il sera possible de voir la côte landaise au Nord.

Côte landaise

On reviendra vers le Sud par l'allée qui longe le muret garde-corps.


Chemin faisant, une vingtaine de mètres au-dessous de nos pieds, subsistent les vestiges d'un ouvrage ressemblant à un blockhaus (BTZ03). Il s'agit des restes d'un laboratoire hydrodynamique marin, qu'un ingénieur nommé Paul Grasset avait projeté de réaliser au début du XXème siècle. Ce bâtiment nous démontre que la prise en compte de la problématique énergétique ne date pas de ces dernières décennies, et qu'il n'a pas fallu attendre l'émergence de l'écologie au sens contemporain du terme pour que les ingénieurs et les scientifiques se posent des questions sur le développement durable... Nous pouvons constater que les préoccupations au sujet des énergies renouvelables trottaient déjà dans les têtes au cours des années trente... Ainsi, argumentant son projet, Paul Grasset s'exprimait en ces termes: "... notre pays est très pauvre en combustible. il y a donc pour nous un intérêt national considérable à ce que nous trouvions, chez nous-mêmes, des sources nouvelles d'énergie naturelle, qui seraient inépuisables...".

Paul Grasset

L'accès à l'ouvrage est dangereux car le cheminement qui y conduit est très exposé et très glissant à cause de la mousse. En particulier par mer forte, l'accès au plateau inférieur est interdit, car on déplore un nombre important de personnes qui ont été emportées par les vagues dans ce secteur. De plus, l'ouvrage étant en ruines, des trous dans la dalle de couverture et dans le plancher intermédiaire constituent un danger d'accident potentiel très élevé ! Je ne conseille donc à personne d'approcher ou de pénétrer à l'intérieur de ces vestiges aujourd'hui très dégradés, et qui ne méritent pas de prendre des risques.

A partir de 1929, Paul Grasset, qui avait déposé les brevets se rapportant à son projet de bélier-syphon à chambre barométrique, avait projeté d'utiliser l'énergie de la houle pour remonter l'eau de mer dans un réservoir, avant de la turbiner pour produire de l'électricité au moyen de dynamos et d'alternateurs. Le croquis placée ci-dessous nous montre que le bassin réservoir et la centrale électrique qui faisaient partie du projet n'ont pas été réalisés, seules les installations hydrauliques destinées à remonter l'eau de mer grâce à un système de vannes associées au fameux bélier-syphon avaient fait l'objet d'un début de réalisation.

Bélier-syphon et entrée grotte au point rouge...Principe du bélier-syphonBélier-syphon

Vstige de machinerie en partie basse de l'ouvrageIntérieur des vestiges du bélier-syphonIntérieur des vestiges du bélier-syphon

Le projet fut financé au départ grâce à des dons privés, mais en 1936, Paul Grasset sollicita une aide de l'état à hauteur de 500 000 francs. Il n'en obtint que le tiers, mais il semblerait que les sommes correspondantes ne lui furent jamais versées... Ses demandes de subventions ultérieures se heurtèrent à des refus systématiques et l'expérience ne put être menée à son terme...


Chacun pourra constater que j'ai placé un point rouge sur la photo aérienne du bélier-syphon ci-dessus en haut à gauche...

Il s'agit de l'entrée d'une grotte (BTZ04) dont l'accès est lui aussi très exposé, voire dangereux. Cette cavité est composée d'un réseau de galeries qui se ramifient, rendant toute exploration délicate, également à déconseiller pour les personnes qui ne maîtrisent pas parfaitement les techniques de la spéléologie. Voici donc quelques images qui donnent un aperçu relativement exhaustif de cette cavité.

Entrée de la grotte

Grotte supérieure du phareGrotte supérieure du phare

J'ai été très étonné de trouver une petite dépression dans le sol, entièrement tapissée d'une fine pellicule de sel. Il paraît être parfaitement pur et se détache en fines lamelles. Au-dessus, la voûte est couverte de concrétions.

Une fine pellicule de sel sur le solSelConcrétions sur la voûteConcrétions sur la voûte

Cheminement périlleuxCheminement périlleux

Après 70 mètres de parcours environ, dans un réseau souterrain complexe et étroit, il est particulièrement surprenant de se trouver face à un ouvrage maçonné... Il s'agit en fait des fondations du phare, probablement à l'emplacement de la cavité qui avait entraîné les suppléments de travaux évoqués précédemment lors de sa construction.

Soubassement du phareSoubassement du phare


Continuant à cheminer vers le Sud au niveau de l'esplanade Élisabeth II, un escalier descend sur la droite (BTZ05), mais il est généralement fermé par une barrière pivotante. Il rejoint en partie basse, un tunnel naturel qui a été lui aussi fermé par une grille cadenassée, suite aux tempêtes de début 2014. Derrière cette grande grille se trouve ce que l'on a coutume d'appeler le "pêchoir Sud" du phare. De nombreuses noyades ont été déplorées à cet endroit, et l'accès est donc maintenant interdit. Cependant, à l'arrière de ce pêchoir, se trouve une autre grotte (BTZ06), interdite d'accès et fermée par une nouvelle grille. Cette grotte est constituée d'une galerie qui se rétrécit rapidement en un boyau très étroit où il faut ramper pour pouvoir progresser. Plusieurs salles se succèdent, et il faut parcourir environ 120m sous terre pour atteindre son extrémité qui se trouve quasiment à l'aplomb du portail du phare (notre point de départ(BTZ01) ).

Grille obturant l'accès du pêchoir sud du phareEntrée de la grotte inférieurePremière galerie de la grotte protohistorique du phare de Biarritz

Cette grotte a fait l'objet de fouilles archéologiques qui ont révélé une occupation humaine à l'époque néolithique, et jusqu'au début de l'âge de fer. Des restes d'ossements de chevreuils (qui ont probablement été consommés sur place), des fragments de poteries, des silex taillés et quelques objets métalliques trouvés sur place attestent de cette occupation.

Vestiges de fouilles archéologiques

La grotte se termine par un front rocheux nappé de concrétions de calcite.

Extrémité de la cavitéConcrétions à l'extrémité de la cavité

Lors d'une de mes dernières visites, j'ai été assez étonné de rencontrer une forme circulaire en partie supérieure de la voûte, qui m'a fait penser (innocemment car je ne suis pas spécialiste du sujet) aux paramoudras que l'on trouve sur le littoral, au pied du Jaïzkibel... On rencontre aussi de belles traces de couches sédimentaires dans les sables qui ont plus ou moins comblé certaines parties de la cavité.

Une forme circulaire en partie supérieure de la voûteCouches sédimentaires


Avançant encore de quelques mètres vers le sud, nous revenons à l'extrémité du parking de l'esplanade Élisabeth II. Un panneau explique la présence de l'hélice du Frans Hals (BTZ07), qui a été placée à la mémoire du navire qui s'échoua durant l'après-midi du mercredi 20 novembre 1996, à l'extrémité Sud de la plage Miramar. On peut remarquer un détail intéressant: un texte est gravé sur le moyeu de l'hélice, et porte la date du 17 mars 1978...

Hélice du Frans HalsLe phare de Biarritz et l'hélice du Frans Hals au premier planTexte gravé sur l'hélice du Frans Hals

Ce bateau usine construit en 1965 en Hollande, destiné à la ferraille, n'avait pas pu accoster à Bilbao pour des raisons administratives. Pris dans une forte tempête dans la nuit du 19 au 20 novembre, les câbles de remorquage cédèrent, et il resta en perdition toute la nuit. De toute évidence, le remorqueur a consciemment abandonné le bateau avec ses hommes d'équipage, pour rejoindre lâchement les eaux internationales et se mettre ainsi à l'abri de toute interception ! Le capitaine Valentin Wladimirovitch Terentiev, le chef mécanicien Sergueï Nicolaiévich Kalapichine et les deux matelots Sacha et Vassili ont ainsi été livrés au grès des flots en furie par le remorqueur !

Le Frans HalsLe Frans Hals

Finalement, l'opération de remorquage de l'épave a été programmée pour les 12 et 13 décembre afin de profiter des coefficients de marée favorable. Tous les riverains furent évacués afin de protéger les personnes en cas de rupture des chaînes de remorquage. 

Trois remorqueurs participèrent aux opérations: l'Abeille "Flandre", l'Abeille "Supporter" et l'Abeille "Picardie" pour lui permettre de repartir pour son dernier voyage qui se termina vers midi dans les profondeurs abyssales de la fosse de Capbreton.

Il faut cependant préciser que la fosse de "Capbreton" se trouve en fait aussi bien au large de Biarritz que de Saint Sébastien, compte tenue que nous sommes situés dans un golfe.

Vous pouvez voir, ci dessous, la dernière photo du Frans Hals prise par mes soins au travers de l'optique d'un tachéomètre, quelques minutes avant son "océanisation"...

Le Frans Hals quelques minutes avant son océanisation...


En continuant seulement une dizaine de mètres vers le Sud, on trouve un cadran solaire (BTZ08) qui a été réalisé en 1992 par R. Magendie, qui faisait partie de la Société d'Astronomie de la Côte Basque. Ce type de cadran est dit "analemnatique". Pour l'utiliser, il faut se placer sur la dalle centrale, face au Nord, les talons positionnés sur la date du jour, et c'est notre ombre qui donne l'heure solaire. Il faut donc ajouter 1H en hiver et 2H en été pour obtenir l'heure légale que nous utilisons au quotidien.

Cadran et hélice vus du phareLe cadran solaire analemnatique du phare de BiarritzLe cadran solaire analemnatique du phare de Biarritz


Il serait dommage de ne pas avancer encore d'une vingtaine de mètres vers le sud pour rejoindre un belvédère sur l'océan, au pied de quelques marches d'escalier (BTZ09), pour profiter d'une superbe vue sur Biarritz. Nous voyons la plage Bernain au pied des falaises, la plage Miramar à gauche de l'Hôtel du Palais, et la Grande Plage devant le casino.

Plage Bernain en pied de falaises


Le gros rocher allongé qui se trouve devant nous se nomme "La Frégate". Nettement plus à droite, il existe un autre rocher: "Le Tombeau", mais que l'on ne peut pas voir depuis ce belvédère, car généralement la végétation limite la visibilité dans cette direction.

La FrégateLe Ttombeau

Un peu plus éloigné mais en face de nous, nous voyons la Roche Ronde qui se situe à droite du casino municipal. La Roche Ronde et le Bouccalot (que nous verrons un peu plus loin), constituent une réserve ornithologique destinée en particulier à protéger l'océanite tempête. Il s'agit du plus petit des oiseaux de mer d'Europe, qui appartient la famille des Hydrobatidae, et que l'on nomme également "Pétrel tempête". Depuis le 6 avril 2006, le secteur Bouccalot - Roche ronde est classé en Zone Natura 2000.

La Roche Ronde

C'est contre le rocher de La Frégate, que le 27 janvier 1930, s'échoua le Knebworth, un vapeur charbonnier de 90m de long, en provenance du port de Hythe en Angleterre, et qui transportait 1400 tonnes de charbon.

Dans l'attente de la marée haute pour rentrer au port de Bayonne, le navire mouillait au large du phare de Biarritz, lorsqu'une violente rafale de vent l'entraîna  sur ce rocher sur lequel il se brisa en deux parties.

Un câble va et vient fut mis en place depuis la pointe du phare pour tenter d'évacuer les naufragés. Après un premier essai infructueux, cent volontaires tirèrent sur la corde pour rétablir la liaison avec le bateau. Huit hommes furent ainsi hissés à terre dans des conditions particulièrement difficiles. Du ravitaillement fut envoyé sur l'épave pour permettre aux sept autres marins de s'alimenter et s'éclairer.

A 21H30 un signal morse indiquait: "Avons assez de vivres, sommes très fatigués, pouvons plus haler les câbles, souhaitons dormir tranquilles, à demain"... La tempête s'étant calmée, le sauvetage était suspendu jusqu'au lendemain. Toute la nuit le bateau fut éclairé depuis l'ancien Miramar au moyen d'une dynamo.

Le naufrage du KnebworthHalage des rescapés du KnebworthLe Knebworth avant son naufrage

Le lendemain à 6H15, "La Marthotte" de Saint-Jean-de-Luz, piloté par les biarrots Félix Lassalle et Ernest Henri (dit "Pinthayre"), accosta l'épave et sauva les hommes qui restaient à bord. Seul, le matelot Glendiming, originaire de Newcastle,  a péri dans le drame en essayant de rejoindre la côte avec une bouée lumineuse.

L'épave fut démolie par les flots à la fin de l'année 1930, laissant émerger des tôles d'acier à marée basse durant de longues années.


Remonter maintenant vers l'Est, en longeant le garde-corps surmonté d'une lice métallique. A l'extrémité de cette lice, prendre un petit escalier (BTZ10) qui descend sur la droite au milieu des Tamaris et des Pittosporums. Prendre ensuite le cheminement sur la droite (BTZ11) qui longe au plus près la tête de falaise. On peut remarquer, à partir du printemps, la présence d'une plante provenant d'Amérique du Sud, nommée "Muguet des Pampas" (Salpichroa origanifolia) ou "Oeuf de coq". J'ai personnellement constaté son développement fulgurant durant les dix dernières années, au point qu'elle envahit tous les espaces verts du littoral, de la pointe du phare jusqu'à la plage d'Ilbarritz. Cette plante invasive développe des touffes de plus en plus abondantes chaque année, et étouffe la végétation indigène qui lui sert de support. Elle perd ses feuilles en hiver, mais repousse de plus belle dès le retour du printemps... Son arrachage systématique constitue la seule solution pour éradiquer sa présence, afin de protéger les espèces autochtones.

Descente sur la droite dans les allées des falaises du phare de BiarritzMuguet des Pampas

Cheminant ainsi, nous pouvons remarquer sur la gauche de l'allée, quatre sièges en pierre au pied desquels les armes de Biarritz sont représentées en petits graviers noirs et blancs (BTZ12). Juste devant, figure la devise de Biarritz: 

"Aura, sidus, mare, adjuvant me", ce qui signifie "J'ai pour moi le vent, les astres et la mer". Le blason de Biarritz représente une barque avec cinq rameurs, dont l'un harponne une baleine. Au-dessus se trouvent deux coquilles Saint-Jacques et une étoile. Le blason lui-même étant posé sur une ancre de marine. Ces armes rappellent que la pêche à la baleine fut pratiquée à Biarritz depuis le XIIème jusqu'à la fin du XVIème siècle.

Les armes de BiarritzLes armes de BiarritzLes armes de Biarritz

Un détail cependant ne doit pas échapper à l'œil du visiteur curieux: à gauche de la devise, une autre inscription en cailloux jaunes et blancs indique "Travaux de chômage 4 janvier 14 juillet 1932". Hélas, la partie gauche a été un petit peu dissimulée par le béton qui a servi à conforter un glissement en 2009.

Travaux de chômage 4 janvier 14 juillet 1932

En continuant vers le Sud, le chemin remonte un peu sur la gauche, et l'on peut remarquer (sur la gauche) une rose des vents qui a été réalisée sur le sol, en cailloux blancs et noirs, de la même façon que les armes de Biarritz que nous venons d'évoquer (BTZ13). Juste au-dessus de ce motif, on peut également remarquer la présence d'un cadran solaire, dont le style a disparu...

Une rose des vents dans les lacets du phare à BiarritzUn cadran solaire dans les lacets du phare à Biarritz

Un peu plus loin, on peut encore descendre les grandes marches d'escalier sur la droite pour rejoindre un belvédère aménagé en limite de falaise (BTZ14), qui surplombe la plage Bernain.

Belvédère au-dessus de la plage Bernain à BiarritzBelvédère au-dessus de la plage Bernain à Biarritz


Il est maintenant temps de remonter jusqu'à rejoindre l'allée ombragée (BTZ15) qui se situe légèrement en contre-bas de l'avenue de l'Impératrice. On passe, devant l'Hôtel Regina, superbe bâtiment de style "Belle Époque", qui a ouvert ses portes en 1907, avant de descendre en direction du centre-ville.

Avant de s'engager sur la droite dans la descente de l'Océan (BTZ16), il faut jeter un coup d'œil à la villa nommée "La Roche Ronde" qui se donne des airs de petit château médiéval avec ses tourelles qui surmontent la façade Est, ses ouvertures en forme de meurtrières, sa tour et sa toiture terrasse entourée de créneaux. Construite en 1884 par Alphonse Bertrand, architecte, son premier propriétaire était Paul Bernain, fils du maire d'Anglet de l'époque. C'est à cette famille que se rattache le nom de la plage qui se situe entre la plage Miramar et la pointe du phare: la plage Bernain.

Villa Roche RondeVilla Roche RondeVilla Roche RondeVilla Roche Ronde


Arrivant en partie inférieure de la descente de l'Océan, nous avons un superbe point de vue sur la roche ronde qui se situe juste en face de nous. Au pied des escaliers (BTZ17), nous rejoignons l'allée Winston-churchill qui longe la plage Miramar.

La plage MiramarLa Roche Ronde

La Roche Ronde, la Frégate et le Tombeau

La plage située sur notre droite en pied de falaise est la plage Bernain que nous venons d'évoquer. Son accès est interdit car de nombreux éboulements de falaise se sont produits, et en particulier le matin du 2 janvier 2000, où 20 000 tonnes de rochers se sont brusquement effondrés sur l'estran.

Effondrement plage Bernain 02-01-2001Effondrement plage Bernain 02-01-2001

Effondrement plage Bernain 02-01-2001Effondrement plage Bernain 02-01-2001Effondrement plage Bernain 02-01-2001

Cette falaise est percée de nombreuses cavités karstiques. Deux cavités spectaculaires se trouvent à la base de la falaise, et sont reliées l'une à l'autre par une étroite galerie (qui est parfois ensablée). L'intérieur de ces cavités karstiques est particulièrement impressionnant.

Cavité karstique de la falaise Bernain

Toujours sur la plage Bernain, mais bien plus proche du phare, une zone rocheuse émerge à marée basse. C'est dans ce secteur que j'ai repéré une pierre (BTZ18) ressemblant particulièrement aux meules que l'on trouve sur le site de Sorgin Xilo à Hendaye. Le 31 décembre 1808, les préfets ont été chargés de répertorier les lieux d'extraction des meules de moulins à farine. L'arrondissement de Bayonne comptait alors 187 moulins en activité. Biarritz figure alors sur la liste des lieux d'extraction... A mon avis, on peut raisonnablement penser que des pierres ont été extraites sur ce banc rocheux, mais aussi peut-être en face de la villa Belza, devant laquelle cet itinéraire s'attardera tout à l'heure.

Cliquer pour voir la position de la meule...Meule plage BernainMeule plage Bernain

Continuant vers le Sud, nous allons longer la plage Miramar. Tout de suite sur la gauche, on peut remarquer le magnifique travail de taille de pierre que représente la voûte surplombant la fenêtre de la villa Begoña. La villa elle-même est majestueuse, avec un immense balcon face à la mer. Le centre de thalassothérapie Louison Bobet lui oppose une architecture moderne qui crée un contraste surprenant...

La superbe voûte de la villa Begoña

Après avoir dépassé la centre de thalassothérapie, mais avant de passer devant le poste de secours, on peut observer sur une façade exposée plein Ouest, au fond d'une cour en forme de couloir (sur notre gauche au point (BTZ19)), un cadran solaire qui ne doit voir que très rarement le soleil... La forme symétrique de son tracé indique qu'il s'agit d'un cadran plein Sud, mais qui étant exposé face à l'Ouest, ne pourra jamais donner l'heure !

Cadran solaire de la plage Miramar

Il faut quand-même évoquer une dernière fois, le naufrage du Frans Hals qui est venu se poser sur les rochers de l'extrémité sud de la plage Miramar, juste devant la promenade que nous parcourons.

L'échouage du Frans HalsL'échouage du Frans Hals

En continuant le long du littoral nous arrivons à un passage en tunnel dans la roche (BTZ20), puis l'allée Winston Churchill se poursuit sous de grandes dalles en-dessous des terrasses du solarium de l'hôtel du Palais.

Tunnel de l'allée Winston Churchill

Nous arrivons ainsi à l'extrémité Nord de la Grande Plage.

On peut alors quitter momentanément le quai pour emprunter les allées du jardin situé sur notre gauche, juste devant le bâtiment du Victoria-Surf dont la construction  a provoqué en 1977 la victoire aux municipales du candidat RPR, Bernard Marie (qui succéda alors à Guy Petit)... On se retrouve ainsi au pied de l'Arbre-Main de Magdalena Abakanowicz, qui fut implanté le 12 février 2000 en bordure du boulevard du Général de Gaulle (BTZ21).

Il s'agit d'un bronze de 4,50m de hauteur, et pesant 1,200 tonne, en forme de main ouverte vers la mer. Un tronc aux ramures tailladées, dressé dans un élan spontané vers le ciel...

Magdalena Abakanowicz est une artiste polonaise de renommée internationale, dont l’œuvre est un hymne à l’humanité. Elle est née à Falenty en 1930, mais elle vit et travaille à Varsovie. Elle a accédé à la renommée à partir des années 60, au travers de ses grandes installations de sculptures souples qui portent un nom dérivé du sien les « Abakams ». La condition humaine est rapidement devenue son sujet principal. Elle a notamment créé une collection de sculptures figuratives faites de toiles de résine, et plus tard de bronze.

L’artiste qui avait effectué le déplacement depuis Varsovie à l’occasion de cette inauguration déclarait: « J’ai vu un jour des mains tendues par des manifestants qui défendaient une cause. J’y ai vu des branches d’arbres métaphoriques qui rappelaient des mains ».


Revenant vers le quai de la grande Plage, on peut se retourner vers le Nord pour voir la façade Sud de l'Hôtel du Palais.

C'est Napoléon III qui fit construire en 1854 un palais pour son épouse, l'impératrice Eugénie, qui était tombée sous le charme de Biarritz pendant enfance. A partir de 1855, le couple impérial est venu régulièrement en villégiature à la "Villa Eugénie" jusqu'en 1868, où de fastueuses réceptions étaient organisées en leur honneur. Le roi Léopold de Belgique, la Reine Isabelle II d'Espagne accompagnée de son époux le roi consort François d'Assise et du prince des Asturies qui deviendra le roi Alphonse XII, le roi et la reine du Portugal, vinrent rejoindre le couple impérial à la Villa Eugénie.

A la chute de l'Empire en 1870, la Villa Eugénie fut rachetée par la Banque Parisienne de l'Union.

En 1881, elle fut transformée en casino, avant de devenir en 1893: l'Hôtel du Palais. Toute la haute société russe y descendait, en particulier la princesse Youriewsky, veuve du Tsar Alexandre II, et l'impératrice Maria-Fedorovna, veuve d'Alexandre III, accompagnée des ses deux filles. L'impératrice Maria-Fedorovna résidait à l'Hôtel, lorsqu'il fut ravagé par un incendie, le 2 février 1903. Depuis, les grands de ce monde se sont succédés, tels que Clémenceau, le roi Farouk d'Égypte, le prince Michel Romanoff, le duc et la duchesse de Windsor, Winston-Churchill, mais aussi Kipling, Edith Piaf, Frank Sinatra et tant d'autres...

Après l'incendie de 1903, la villa Eugénie, ou du moins ce qu'il en restait, fut rachetée par Messieurs Boulant, Lévy et Bloch. Il la firent reconstruire en lui adjoignant une aile supplémentaire et son inauguration eut lieu en 1905. De 1906 à 1910, le roi Édouard VII d'Angleterre y venait régulièrement pour soigner ses bronches.

Suite à expropriation, la Ville de Biarritz est devenue propriétaire de l'Hôtel du Palais en 1952. La vue panoramique depuis la salle de restaurant de la rotonde est absolument superbe. Le petit déjeuner qui m'a été offert dans ce cadre par un couple d'américain qui était venu à Biarritz avec le Concorde en 1995, restera un moment particulièrement agréable, gravé dans ma mémoire.

Publicité de l'Hôtel du Palais

Je voudrais revenir un instant sur les personnages célèbres qui passèrent par ce qui est devenu l'Hôtel du Palais, pour citer Bismarck, ministre du royaume de Prusse, qui appréciait particulièrement les bains de mer. Il appréciait tout autant la compagnie de la princesse Orloff, épouse de l'ambassadeur de Russie, dont on dit qu'il était tombé follement amoureux... Il faillit se noyer en 1862, et fut sauvé in-extremis par les guides baigneurs, et par Pierre Lafleur qui était gardien du phare.

La famille Orloff fait un peu partie de l'histoire de ma famille, dans la mesure où mon grand-père, Paul Dugène, était employé à la villa Cyclamen, propriété de la comtesse Orloff au début du XXème siècle. Voici quelques extraits d'un cahier qui a été conservé dans la famille :

Adresse de la Comtesse Orloff à ParisReçu de Madame la comtesseComptes août 1920 et reçu de Madame la ComtesseComptes juin 1922 réglés par Madame la Comtesse

On peut remarquer que l'adresse de la comtesse Orloff à Paris était 114bis boulevard Malesherbes dans le 17ème, où se trouve actuellement l'École Normale de Musique de Paris...


Reprenons notre parcours le long du quai de la Grande Plage en passant devant le Casino Municipal et pourquoi ne pas en profiter par déguster en terrasse, une pâtisserie ou une glace de chez Dodin (BTZ22)...

Monsieur Dodin a fondé en 1911 la pâtisserie qui porte son nom. Il se disait "Fournisseur breveté de la Reine Nathalie de Serbie", et c'est lui qui créa le fameux gâteau nommé: "Béret Basque". Il céda son affaire en 1923 à Samuel Garrigue, mais le nom de pâtisserie Dodin s'est perpétué. Alors, si vous hésitez, commandez un "Béret Basque" ! Il ne vous manquera que l'animation musicale comme on peut l'apercevoir sur la photo ci-dessous, et comme elle se poursuivit jusque dans les années 60...

Dégustation devant le CasinoPublicité Dodin

Le Casino Municipal est implanté à l'emplacement des Bains-Napoléon, oeuvre de l'architecte Alphonse Bertrand, aux façades de style mauresque. Les Bains-Napoléon avaient été construits en 1858, mais ils furent détruits en 1896.

Le premier Casino, oeuvre de Henri Chevallier, fut inauguré le 15 août 1901 par Félix Moureu, maire de la cité.

La Grande Plage et le Casino de Biarritz en 1913

Publicité pour le Café de la Grande PlageLa Grande Plage

Le Casino actuel, de style Art déco, a été conçu par l'architecte Alfred Laulhé, et a été inauguré le 1er août 1929. Hélas, le bâtiment a été endommagé par un incendie en août 1957.

La dernière rénovation du Casino a provoqué une scission de la majorité municipale de Bernard Marie au moment du choix du projet, en 1990. Didier Borotra, qui était à ce moment premier adjoint, a remporté les élections municipales anticipées... Guy Petit... Victoria Surf... Bernard Marie... Casino municipal... Didier Borotra... L'architecture est un sujet brûlant dans les dernières décennies de l'histoire municipale...

Le projet de démolir le Casino pour en reconstruire un nouveau, adossé à la colline aux Hortensias, a été enterré, et la nouvelle municipalité a décidé de réhabiliter le bâtiment existant.

Finalement, les travaux ont été conduits par l'architecte François Lombard, et le Casino Municipal ainsi rénové a été inscrit à l'inventaire des monuments historiques le 7 octobre 1992. Grâce à son nouveau statut, seuls l'océan et les changements climatiques sont susceptibles aujourd'hui de délocaliser cet édifice...

Le Casino et la Grande PlageLe Casino Municipal de Biarritz, avec le Rocher des Enfants au premier plan.

Mais tournons nous vers l'Océan pour profiter de ce site magnifique. En face de nous se trouve la Roche Plate, et à l'extrémité Sud de la Grande Plage, se dresse le Rocher des Enfants, que tous les jeunes biarrots ont escaladé durant leur enfance... Un peu plus au large, c'est le Channing que les meilleurs rejoignent à la nage.

Le Rocher des EnfantsConcours de cerfs-volants à la Grande Plage

Longeant le Boulevard du Maréchal Leclerc, nous passons au pied des falaises Bellevue, également nommées "Falaises aux Hortensias". Les botanistes avertis (ou curieux) pourront observer sur certains murs maçonnés du secteur (BTZ23), la présence de l'Asplénium marin ou Doradille marine (Asplenium marinum), une petite fougère qui pousse en particulier sur les falaises du littoral atlantique. Cette espèce est protégée en Aquitaine par arrêté interministériel en date du 8 mars 2002, il est donc interdit de la couper, de l'arracher, de la détruire ou de la cueillir, de l'utiliser, de la mettre en vente ou même de l'acheter! Espérons que les opérations d'entretien des falaises ne conduiront pas à la disparition de cette plante extrêmement rare sur Biarritz...

L'Asplenium marinum

Avant de quitter les falaises Bellevue, je voudrais faire une petite parenthèse historique pour évoquer la rampe mobile qui permettait (entre 1903 et 1918) de monter de la Grande Plage jusqu'à la place Bellevue.

La rampe mobile des falaises BellevueLa rampe mobile des falaises BellevueLa rampe mobile des falaises Bellevue

 Un accident survint le 13 Octobre 1908, au cours duquel Maria de los Dolores Ruiz de Grijalba, veuve du Comte Henri de Madron, a eu son pied broyé après avoir été pris dans la griffe du palier d'arrivée.  L'industriel José Cervera, originaire de Madrid et qui détenait la concession de l'ouvrage fut condamné à lui 150 000 francs de dommages et intérêts, et 6000 francs de provision. Incapable de s'en acquitter, il retourna en Espagne pour échapper à cette condamnation. La ville de Biarritz fut alors déclarée responsable par le Conseil d'État et se retrouva condamnée à lui verser une rente viagère de 5000 francs par an.

 

Longeant le littoral en remontant légèrement, nous rejoignons une petite esplanade dominant l'Océan sur la droite, communément appelée "Rotonde Bellevue" (BTZ24), du nom du Casino Bellevue au pied duquel nous nous trouvons. C'est le premier Casino de Biarritz, qui fut inauguré en 1858.  On pouvait y trouver une salle des fêtes, un petit théâtre, une salle de jeux et une terrasse panoramique.

Transformé en hôpital en 1870, il fût ravagé par un incendie durant la nuit du 16 au 17 décembre 1886. Monsieur Boulant se chargea de surveiller les travaux de reconstruction dirigés par l'architecte Bertrand. Le nouveau casino fut ouvert le 20 juillet 1887 et un grand concert fut dirigé par Monsieur Steck, chef d'orchestre du Casino de Monte-Carlo. Les cinquante musiciens étaient des titulaires des concerts Lamoureux, Padeloup, de l'Opéra et du Théâtre de Bordeaux.

Le 27 août 1914, mis à la disposition de l'armée, le Casino Bellevue retrouva sa fonction hospitalière sous l'appellation "Hôpital Franco-Espagnol".

Il fut à nouveau transformé en Casino après la seconde guerre mondiale sous l'impulsion de Charles Pereyre, avant que les jeux ne soient définitivement transférés au Casino Municipal. La dernière restauration du Casino Bellevue date des années 1985-1986 pour en faire un centre de congrès avec salles de conférence et auditorium.


En avançant encore un peu le long de la plage des Enfants, nous passons au pied du Casino Bellevue et nous nous trouvons face à la passerelle qui conduit au rocher du Basta (BTZ25). Cette passerelle était en bois à l'origine, mais elle fut détruite par les assauts de l'Océan en 1876. Une passerelle métallique fut construite en 1880, avant d'être remplacée par le pont en béton armé actuel, qui, il faut bien le reconnaître, commence à montrer des signes de fatigue...

Passerelle initiale en bois du BastaPasserelle métallique du Basta

On peut ici évoquer une polémique qui fit grand bruit dans la cité au début des années 50... Un comité se forma alors pour faire ériger une statue à la mémoire de l'impératrice Eugénie sur le rocher du Basta. Le projet représentait une somme de 900 000 francs. La dépense devait être financée par une subvention municipale de 200 000 francs, à laquelle s'ajoutait une souscription publique ouverte à tous les Biarrots.

Juan Luis Caussino, jeune sculpteur espagnol et petit-fils du marquis d'Alcedo, fut chargé de concevoir le monument dont voici la maquette...

Maquette de l'Impératrice Eugénie

Il réalisa son oeuvre en marbre de Carrare dans un atelier de Florence. Mais, la veille de l'inauguration par Guy Petit, le 12 septembre 1951, le scandale éclata au moment du déballage...

Vierge pyramidale, vestale touareg, peut-être, mais l'œuvre ne correspondait pas à l'image de l'impératrice Eugénie telle qu'elle avait été présentée aux Biarrots...

Statue exposée dans le parc Ducontenia de Saint Jean de Luz.Statue exposée dans le parc Ducontenia de Saint Jean de Luz.Statue exposée dans le parc Ducontenia de Saint Jean de Luz.Statue exposée dans le parc Ducontenia de Saint Jean de Luz.

Le 9 juin 1952, le tribunal de Bayonne conclut: "Une farce aussi spirituelle soit-elle, n'en est pas moins une faute qui entraîne réparation...". L'artiste fut condamné à rembourser le Comité et à verser des dommages-intérêts .

Initialement remisée aux ateliers municipaux, la statue faillit être placée par la ville de Bayonne sur le pont Saint Esprit, avant que des amis du sculpteur ne la mettent en place dans le parc Ducontenia de Saint Jean de Luz où elle se trouve encore aujourd'hui...

Il ne faut pas manquer de franchir la passerelle pour monter au sommet du Rocher du Basta (BTZ26), qui offre un superbe point de vue sur le littoral biarrot, et en particulier sur le Port des Pêcheurs. Juste devant le Rocher du Basta se présente une autre rocher nommé l'Artillerie.

Le Channing, L'Artillerie et le Basta vus de l'AtalayeLe Channing, l'Artillerie et le Rocher du Basta

Les plus curieux pourront, si la marée le permet, passer au-dessous du rocher, en traversant une cavité au niveau de l'estran. Ils rejoindront ainsi la petite crique rocheuse située entre le Rocher du Basta et le Port des Pêcheurs qui est particulièrement appréciée des enfants qui viennent s'initier à la pêche aux crabes. Ce passage sous le Rocher du Basta permet de découvrir des points de vue particuliers, aussi bien en direction du phare que du Port des Pêcheurs et de l'église Sainte Eugénie.

L'église Sainte Eugénie vue de la grotte sous le rocher du BastaLe phare vu de la grotte sous le rocher du Basta


Avant de rejoindre le Port des Pêcheurs, on revient en bordure du boulevard du Maréchal Leclerc, pour monter jusqu'à la place Sainte Eugénie (BTZ27). On se trouve alors au pied de l'église Sainte Eugénie qui fut édifiée à l'emplacement d'une chapelle financée en 1856 par le couple impérial. L'église actuelle a été construite sous l'impulsion de l'abbé Gaston Larre, premier curé de la paroisse, qui repose à ce jour dans la crypte de l'église. C'est Ernest Lacombe, architecte des monuments historiques, qui dirigea les travaux. Le Duc d'Osuna procéda à la pose de la première pierre le 11 septembre 1898, et elle fut inaugurée le 11 avril 1903. Cet église néo-gothique en pierres grises se donne un petit air de cathédrale, bien qu'elle soit dépourvue de flèche.

La chapelle d'origine en 1859Eglise Sainte Eugénie

Outre les multiples descriptions qui pourraient être faites de cette église, je voudrais souligner la présence de plusieurs bénitiers constitués de grande coquilles de tridacne géant, le plus gros mollusque bivalve connu, et qui est à ce jour en voie d'extinction. Ces énormes coquillages, qui proviendraient de Manille, sont également nommés: "bénitiers" ...

Bénitier Sainte EugénieBénitier Sainte EugénieBénitier Sainte Eugénie

Mais revenant à l'extérieur de l'église, on peut observer que la façade principale exposée à l'Est, est constellée d'impacts. Ce sont les traces laissées par le bombardement de Biarritz qui a eu lieu le lundi 27 mars 1944, en début d'après-midi, et qui fit plus d'une centaine de morts et davantage de blessés. C'est une escadrille d'une centaine de bombardiers américains qui avait pour mission de détruire l'aéroport de Parme, qui déversa, probablement par erreur, 45 tonnes de bombes sur Biarritz. Certains avancent l'hypothèse d'un raid visant à éliminer l'état major qui se trouvait dans un bunker sous le plateau de l'Atalaye.

Traces du bombardement de Biarritz sur l'église Sainte EugnieTraces du bombardement de Biarritz sur l'église Sainte Eugnie


Redescendons maintenant au Port des Pêcheurs en utilisant l'allée piétonne qui descend juste en face de l'église.

À l'origine, le Port des Pêcheurs ne comportait  qu'une simple cale pavée. En 1837, une première digue de sept mètres de long fut construite, mais elle fut détruite par la suite. En 1858, une nouvelle digue de 30 mètres de longueur fut réalisée pour protéger l'entrée du port.

C'est par un décret du 23 mai 1863 que l'aménagement du Port des Pêcheurs fut décidé, et un budget de deux millions de francs-or fut provisionné. Cette somme fut portée à 2 710 000 francs-or en 1866.

Dans le projet de nouveau port élaboré en 1864, celui-ci était implanté au large du plateau de l'Atalaye, en partant du Cucurlon (aujourd'hui appelé "Rocher de la Vierge"). C'est pour pour transporter les blocs artificiels destinés à construire les digues de ce projet que deux tunnels furent percés: celui de l'Atalaye et celui de l'actuel Rocher de la Vierge. C'est également pour cette raison que la première passerelle du Rocher de la Vierge fut réalisée en bois.

En 1871, une digue de 66m de long était construite entre le Cucurlon et le rocher nommé la "Bretagne", et  un ouvrage de 74m de longueur rejoignait le rocher suivant... Le 9 août 1870, il a été décidé d'arrêter les travaux, et la jetée de 133m qui devait être réalisée vers le Nord-est ne fut jamais réalisée. Le reliquat de crédit fut alors investi pour terminer la construction du Port des Pêcheurs tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Le Port des Pêcheurs

Construction des blocs pour la jetée du portLe Port des Pêcheurs

Le Port des Pêcheurs (à ne pas confondre avec le Port Vieux), est constitué de trois bassins soumis à la marée, ce qui oblige les entrées et sorties de bateau à marée haute. À l'origine, le troisième bassin situé le plus à l'Est était fermé avec une lourde porte métallique. A marée haute, on pouvait la fermer pour maintenir le bassin en eau; mais on pouvait aussi relâcher l'eau à marée basse pour qu'elle s'évacue par un clapet situé à l'angle Nord-ouest du 2ème bassin, afin provoquer un effet de chasse. On se débarrassait ainsi d'une partie des vases et des sables qui s'accumulaient dans le second bassin.

De nos jours, le curage des bassins se fait au moment des équinoxes de printemps, en profitant des grands coefficients de marée pour descendre avec des engins de travaux publics, bulldozers, chargeurs et pelles mécaniques. Les produits de curage sont ensuite évacués par des norias de camions. Des analyses sédimentaires sont réalisées au préalable pour s'assurer des teneurs en hydrocarbures et en métaux lourds, afin de réaliser ces opérations dans le cadre réglementaire destiné à protéger l'environnement.

Curage du Port des PêcheursCurage du Port des PêcheursCurage du Port des Pêcheurs

Je profite de ce passage au Port des Pêcheurs pour évoquer une belle rencontre faite en juin 2008 dans le deuxième bassin: un oiseau que je n'avais jamais rencontré à attiré ce jour là mon attention... Cou assez long, dessus brun-gris, poitrail blanc, tête colorée avec une double huppe, long bec rose pointu, pratiquement pas de queue et les pattes très en arrière en nageant: il s'agissait du Grèbe huppé, et par chance j'avais l'appareil photo avec moi ! Voici donc son portrait sur les photos ci-dessous.

Grèbe huppéGrèbe huppéGrèbe huppéGrèbe huppé

Un grèbe huppé photographié au domaine du Graveyron

Si les Goélands Leucophées sont omniprésents, on peut aussi très souvent observer les Tournepierres à collier. Ce sont des petits échassiers migrateurs qui partent en été se reproduire dans le grand-nord (Groenland et Alaska), mais qui reviennent hiverner sur les côtes de l'Atlantique. Ces petits échassiers très mobiles, se remarquent d'autant plus facilement qu'il sont plutôt sociables. Ils se nourrissent d'insectes, de mollusques et de crustacés qu'ils ne cessent de chercher en retournant, galets, coquillages et algues tout au long des côtes rocheuses. Il sont très présents au Port des Pêcheurs en dehors de la saison estivale. Il est également assez facile d'observer la présence des Cormorans.

Goélands LeucophéesGoéland LeucophéeGoélands Leucophées (à droite un immature)Goéland Leucophée

Tournepierres à collierTournepierres à collier

Mais aujourd'hui, ce qui fait le charme du Port des pêcheurs", ce sont les crampottes. Les crampottes sont des cabanes aux murs blancs avec des portes et des volets colorés, destinées (à l'origine) à remiser le matériel de pêche. La ville de Biarritz est propriétaire de toutes les crampottes. Pour être locataire d'une crampotte, il faut résider à Biarritz, et être titulaires d'un mouillage dans le Port des Pêcheurs. La liste d'attente est longue, et le "privilège" est convoité ! Aujourd'hui, l'activité principale tourne autour de la convivialité des casse-croûtes et des tournées bien arrosées... Le Port des Pêcheurs a été déclaré "Commune libre" le 7 juin 1981, comme l'atteste une plaque fixée au mur d'une crampotte. Un chapeau bleu porte l'inscription : Dornaletche Jean dit "Jeannot Besanbié" - Flotte 328. Il évoque celui qui fut intronisé Maire de la Commune libre du Port des Pêcheurs, et qui nous a quitté en 2015. Au fil des crampottes nous pouvons remarquer que des noms aux consonances gasconnes sont inscrits au-dessus des portes: "Aou petit favori", "Dache a" ou "Dache dise"...

Ail et piment d'EspellettePort des Pêcheurs: Commune libre !Jean Dornaletche: Maire de la Commune libre du Port des Pêcheurs

Aou petit favori..."Dache dise": Laisse dire...Dache A

Voici la représentation d'une toile réalisée par Louis Martin de Verfeuil durant les années 1940, et qui nous permet de vérifier que le caractère des lieux est resté relativement bien conservé de nos jours... Ce peintre fut par la suite, professeur de dessin d'art au lycée de Biarritz.

La Port des Pêcheurs peint par Louis Martin de Verfeuil dans les années 1940

La crampotte allongée que l'on voit sur le tableau ci-dessus est nommée "Le Petit Casino". Juste à côté de l'entrée du Petit Casino (BTZ28), on trouve des céramiques dont voici quelques photos... Elles évoquent quelques scènes épiques illustrant la vie au Pays Basque au cours du siècle passé.

Lou Petit Casino

En descendant vers l'Ouest tout en longeant les crampottes, on trouve sur la droite, l'ancre du Padosa (dont nous avons parlé au départ de notre parcours au niveau du phare) qui a été renflouée le 31 août 1978 par Henri Chevrat, Gérard Foubert et François Doyhamboure.

Ancre du PadosaPlaque évoquant le naufrage du Padosa

Si la mer est calme, on peut se promener sur les digues du port pour en faire le tour, mais il ne faut surtout pas s'y aventurer en cas de houle. J'en profite pour évoquer le naufrage de l'Orphelin.

L'Orphelin d'après une illustration du livre "Biarritz au vent du large et de l'histoire"

Le 19 novembre 1882, le Brick L'Orphelin du port de Nantes, essaie de trouver refuge au port des pêcheurs. La mer déchaînée le drosse sur les rochers de la passe d'entrée de telle sorte qu'il bloque totalement la passe d'entrée au port. Les sauveteurs ne parviennent pas à saisir la bouée attachée à un filin que les marins tentent de lancer. C'est alors que Jean Léon Lassalle et Victor Millon ont l'idée d'envoyer jusqu'à l'Orphelin, le chien Black de Jean Léon Lassalle. Il s'agit d'un épagneul, champion de chasse aux oiseaux aquatiques. Black ramène la bouée et le filin, permettant ainsi de sauver les six marins et le capitaine du navire échoué.

Lors d'un concours de la S.P.A. le 14 mai 1883, organisé à Pau, Black a reçu un collier d'honneur pour cet exploit. Le Grand duc Alexis, frère du Tsar Alexandre III de Russie, présent à Biarritz lors du naufrage, acheta l'animal. A sa mort, il lui fit construire un petit monument au cimetière des chiens de Moscou.

À l'extrémité du port, au-delà de la rampe appelée cale aux chevaux (car c'est là qu'on venait baigner les chevaux), nous remontons en direction de l'Atalaye.

Cale aux chevaux

En passant devant l'entrée du tunnel, je ne résiste pas à l'envie de vous montrer une photo de mon père (né en 1909), assis sur un muret que l'on peut encore voir sur la gauche (BTZ29). On peut remarquer que le site n'a pas vraiment changé alors qu'un siècle s'est écoulé depuis la prise de vue... Les décorations réalisées en petits cailloux sur les murets alentours semblent indiquer qu'ils furent réalisés en 1900. On peut voir aussi un petit peu plus loin, une ancre également représentée avec des petits cailloux.

Jean Dugène, falaise de l'AtalayeFalaise Atalaye en 2015

1900 marqué en cailloux blancs sur un muret de la falaise de l'Atalaye

Mais montons maintenant à droite avant le tunnel pour rejoindre le plateau de l'Atalaye. Nous pouvons constater que les agaves photographiées au début du XXème siècle sont toujours présentes sur les pentes exposées à l'Est qui nous dominent. Mais je voudrais vous dire que c'est presque en haut de cette montée vers le plateau, que je trouve chaque année le premier parterre de fleurs de l'année. Malgré le passage des jardiniers équipés de roto-fils, on trouve ici dès la mi-février, un magnifique parterre d'un jaune éclatant: il s'agit de l'Oxalis des Bermudes.

Agave en premier plan du Port des PêcheursAgave en premier plan du Port des Pêcheurs un siècle plus tard...Oxalis des BermudesOxalis des Bermudes

En arrivant au plateau, nous trouvons une deuxième ancre du Padosa, qui ressemble effectivement beaucoup à celle que nous avons vue en passant au Port des Pêcheurs. Nous avons un très beau point de vue sur la baie de la Grande Plage, le phare et les nombreux rochers qui donnent beaucoup de caractère à ce site magnifique.

Les rochers de BiarritzAncre du Padosa au plateau de l'Atalaye.Les rochers de Biarritz

Sur notre gauche se trouve une croix, et un peu plus loin, on peut remarquer la présence d'une sculpture monumentale.

C'est en Juillet 2011 que  cette œuvre dénommée « Olerki » (ce qui signifie "poème" en langue basque), a été placée sur le plateau de l'Atalaye, dans le cadre du réaménagement du site, lié à l'extension du musée de la mer.

Il s'agit d'une création de Kepa Akixo, dit « Zigor », né à Aretxabaleta dans le Gipuzkoa en 1948, et qui sculpte depuis 1983 dans son atelier à Biarritz. Cet artiste écrit de la poésie en langue basque depuis 1968, et ses premiers cahiers ont été publiés en 1973. C’est en voyant travailler Remigio Mendiburu à Hondarribia, qu’il a décidé de devenir sculpteur.

La croix de l'Atalaye au siècle passé.Olerki et la croix de l'Atalaye

En avançant un peu, on domine la cloche d'alarme (BTZ30), au pied de laquelle nous allons passer avant de remonter sur la gauche.

La cloche d'alarme à l'origineLa cloche d'alarme

C'est sur le plateau de l'Atalaye où nous nous trouvons que se trouvait autrefois une tour nommée "Tour de la Humade". Construite en 1861, elle était utilisée par les guetteurs qui y allumaient des feux pour servir de repère pour les bateaux qui rentraient au port. Il y eût également sur ce plateau, à l'emplacement du Musée de la Mer, un sémaphore destiné à communiquer avec les bateaux qui croisaient au large de nos côtes.

La Tour de la HumadeLe sémaphore

En remontant vers le plateau depuis la cloche d'alarme, nous pouvons voir en contre-bas sur la droite, la digue de Gamaritz qui fut construite entre les rochers du même nom en 1881 pour protéger l'entrée du Port des Pêcheurs vis-à-vis de la houle transversale. Gamaritz est le nom des rochers sur lesquels elle s'appuie. Sur la gauche, on peut voir un autre rocher assez important nommé le Couloum. Cette digue a fait l'objet de gros travaux de confortement en 2013-2014, car les roches sur lesquelles elle est fondée avaient été complètement érodées par la mer.

La digue de Gamaritz est souvent appelée digue de la cafetière par les anciens biarrots. Ce nom provient du petit édifice en forme de cafetière qui était implanté à l'angle de la digue, mais qui a été détruite le 30 janvier 1990 au cours d'une forte tempête. Nous observions ce jour là les assauts de l'océan depuis la fenêtre du troisième étage de la mairie, lorsqu'une collègue s'écria: "la cafetière !". Nous venions de voir le dernier instant de cette échauguette en direct...

Le Couloum et la digue de GamaritzLa Cafetière et la digue de GamaritzLa cafetière en janvier 1986

Poursuivant vers l'Ouest, on laisse le Musée de la mer sur notre gauche, pour descendre des escaliers qui nous conduisent à l'esplanade des Anciens Combattants où se trouve le Monument aux Morts.

En se dirigeant en direction du Rocher de la Vierge, on trouve juste avant la passerelle sur la droite, un petit belvédère aménagé dans une cavité de la roche, il s'agit de la "Loge du Théâtre" (BTZ31). Plus familièrement, on l'appelle parfois "Trou de Madame", car on raconte qu'en 1828, la Duchesse de Berry s'était écriée en découvrant ce site: "Quel trou! "...

La Loge du Théâtre

Nous traversons maintenant la passerelle du rocher de la vierge. La passerelle en bois d'origine (1864) a été remplacé en 1887 par un ouvrage métallique, au terme d'une procédure d'adjudication remportée le 1er juin 1886 par la Société Schryver et la Compagnie d'Hautmont. La société Eiffel, souvent citée par les biarrots n'a jamais participé à la construction de cette passerelle.

La passerelle en bois d'originedu Rocher de la ViergeLe Rocher de la Vierge et la Bretagne

On oublie souvent de dire que la passerelle actuelle ne correspond pas non plus à celle qui date de 1887, car elle a été remplacée par un nouvel ouvrage réalisé par la société Baudin-Chateauneuf en 1990. J'ai moi-même participé aux travaux spectaculaires, qui ont consisté à lancer le nouveau tablier au-dessus de l'ancien ouvrage, et de le maintenir sur des appuis provisoires pendant que l'on démontait l'ancien tablier. On procéda ensuite au vérinage du nouveau pont pour le mettre en place. Ce nouveau pont a un aspect très ressemblant à  celui qui le précédait, et c'est probablement pour cela que l'inconscient collectif n'a pas fixé dans sa mémoire, la renaissance de cet ouvrage. Voici quelques photos illustrant le chantier de 1990.

Remplacement de la passerelle du Rocher de la Vierge en 1990Remplacement de la passerelle du Rocher de la Vierge en 1990Remplacement de la passerelle du Rocher de la Vierge en 1990

Remplacement de la passerelle du Rocher de la Vierge en 1990Remplacement de la passerelle du Rocher de la Vierge en 1990Remplacement de la passerelle du Rocher de la Vierge en 1990

Après avoir traversé la passerelle, nous nous trouvons sur le Rocher de la Vierge, où le tunnel évoqué précédemment, nous permet d'atteindre l'esplanade Est (BTZ31). Au sommet du rocher se trouve une Vierge en fonte qui a été réalisée en 1864 par la fonderie bordelaise Ducel et Fils, à l'occasion de l'exposition franco-espagnole de Bayonne. Mais revenant sur le sujet de la passerelle, j'ai également participé à la remise en peinture de l'ouvrage en 2012. Alors que je suivais ces travaux, je me suis rendu-compte que la Vierge était gravement attaquée par la corrosion...  Ce n'est pas son état après les opérations de sablage qui pouvait nous rassurer, comme on peut le constater sur les photos ci-dessous.

La Vierge du Rocher de la Vierge avant réparation en 2012La Vierge du Rocher de la Vierge avant réparation en 2012La Vierge du Rocher de la Vierge après sablage en 2012

Nous avons donc soigneusement réparé la statue qui retrouva ainsi une nouvelle jeunesse, mais ce fut aussi pour moi l'occasion d'une surprenante découverte: la vierge piétine un serpent... Ainsi, il s'agit d'une "Vierge au serpent", image récurrente de l'iconographie chrétienne, qui a été placée au sommet du rocher. On peut lire dans l'évangile de saint Luc 10.19 :"Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et toute la puissance de l'ennemi". En écrasant le serpent, la Vierge triomphe de l'incarnation de la tentation et du mal qu'il symbolise depuis Adam et Ève.

Le serpent au pied de la Vierge du Rocher de la Vierge après sablage en 2012La Vierge du Rocher de la Vierge restaurée en 2012Le serpent au pied de la Vierge du Rocher de la Vierge aprèspeinture en 2012

On peut remarquer côté Nord, un rocher surmonté de plusieurs croix, qui se trouve à une cinquantaine de mètres de distance. Il porte le nom du bateau qui s'est échoué là par un jour de forte tempête : "La Surprise".

Le 18 novembre 1893, le sloop "La Surprise" de Boulogne, commandé par le capitaine Esnault, quitte le port de Bayonne avec un chargement d'ardoises, malgré les avertissements de tempête, pour rejoindre Londres avec cinq hommes à bord. La mer est déchaînée, il perd voiles et gouvernail, et dérive vers la côte. Le lendemain, il mouille ses ancres à cent mètres de la digue submersible du Rocher de la Vierge. Le 19 novembre, c'est une épave disloquée qui apparaît au matin. On fait venir un canon porte-amarre du Boucau pour sauver l'équipage, mais les essais  sont vains. Finalement, une vague envoie la Surprise s'éventrer contre le rocher appelé alors: l'Arroque Trucade. Tous les marins ont péri, un seul corps fut recueilli, celui du matelot Joseph Calvez (de Paimpol) âgé de dix neuf ans, qui est enterré au cimetière du Sabaou dans une tombe offerte par la ville, située juste à droite à l'entrée. Depuis ce naufrage, une croix est scellée sur le rocher de La Surprise.

Nauffrage de La SurpriseLe Rocher de La Surprise

On peut encore voir à l'extrémité de l'esplanade, de gros blocs malmenés par les flots: ce sont les vestiges de la digue construite à l'époque napoléonienne.

Plein Ouest, le rocher qui nous fait face à une bonne centaine de mètres se nomme " Le Boucalot", et plus à droite, de taille nettement inférieure, nous voyons "La Bretagne". Derrière le Boucalot se trouve l'Opernaritz, et plus proche de la côte: la "Pantoufle". À 250m au Sud-est du Boucalot, se trouvent les "Caritz", juste en face de la Villa Belza dont nous parlerons tout à l'heure.

Opernaritz, Boucalot, Bretagne et Pantoufle

Plus loin vers le Sud, nous voyons l'extrémité Ouest de la chaîne des Pyrénées. Nous voyons en particulier la Rhune, Les Trois couronnes (Peñas de Haya) et le Jaïzkibel.

Après avoir refranchi la passerelle, nous tournons à droite pour se diriger vers le Tertre des Maréchaux. Qui soupçonnerait que plusieurs cavités se trouvent sous l'esplanade des anciens combattants, et plus particulièrement sous nos pieds ? Voici quelques photos prises le 15 mars 1990, au début des travaux de consolidation du mur d'obturation de la grotte Ouest. Ce qui m'avait étonné à cette époque, c'est de trouver en plafond de la cavité, des concrétions calcaires dans un très bon état de conservation, malgré la présence de l'océan dont elle n'est séparée que par le mur que nous avions conforté...

 

 Grotte Ouest de l'esplanade des anciens combattantsconcrétions en plafond de la grotte Ouest de l'esplanade des anciens combattantsGrotte Ouest de l'esplanade des anciens combattants

Nous prenons l'escalier situé sur la droite pour passer par le Tertre des Maréchaux (BTZ33) où sont implantées une croix de Lorraine à la mémoire des évadés de France, et une table d'orientation.

Croix de Lorraine et table d'orientation au Tertre des Maréchaux.La table d'orientation du Tertre des Maréchaux.

Nous suivons la tête de falaise en empruntant le trottoir de l'esplanade de la Vierge qui surplombe la plage du Port-Vieux et nous conduit à la place du même nom (BTZ34).

C'est à la plage du Port-Vieux que des générations de biarrots ont appris à nager. Mais, à l'origine, c'était du Port-Vieux que les pêcheurs partaient à la pêche à la baleine dès le VIIème siècle. Au moment du pic d'activité (XIVème et XVème siècles), c'était donc ici que se trouvait l'épicentre de la vie sociale et économique de ce petit village de pêcheurs. Toutes les parties de la baleine étaient exploitées: l'huile, la viande et le lard, mais aussi les fanons ou les os qui semblent avoir été parfois utilisés pour la construction... La langue, met de choix, était réservée pour l'évêque de Bayonne !

La dernière baleine fut pêchée en 1686, et ce n'est qu'un siècle plus tard que l'activité de pêche fut remplacée par celle des bains de mer.

Des cabines de bain et de tentes furent installées sur la plage  à partir de 1845, mais c'est en 1859 que fut construit le premier établissement de bains à la plage du Port-Vieux. Deux corps de bâtiments en bois, couverts de tuiles, se rejoignaient face à un escalier central, l'un était réservé aux dames, et l'autre aux hommes...

Suite à  la destruction du premier établissement par une tempête, un second fut édifié en 1922, mais il fut massacré le 27 mars 1944, au cours du bombardement de Biarritz. Ce n'est donc qu'en 1952, que la plage du Port-vieux a été aménagée telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Plage du Port-VieuxPlage du Port-VieuxPlage du Port-Vieux avec le sémaphore

Le tableau ci-dessous représente la villa Antoinette, propriété de Monsieur Léglise qui surplombe la place du Port-Vieux. Mon grand-père qui était jardinier de cette propriété, avait inscrit le nom des plantes présentes sur chaque massif, au revers du tableau.

Villa Antoinette en 1916

Nous continuons vers l'Ouest en longeant la plage du Port-Vieux pour atteindre la place du Canon (BTZ35). Nous nous trouvons ainsi au-dessus du plongeoir du Port-Vieux qui n'a pas eu une existence aussi paisible que ce que l'on pourrait croire. Les photos ci-dessous que j'ai prises en janvier 1994 en témoignent... L'ancien plongeoir encore visible sur la photo de droite a été disloqué par la mer dans les années 80.

Plongeoir du Port-Vieux 10 janvier 1994Plongeoir du Port-Vieux 4 janvier 1994Ancien plongeoir du Port-Vieux

Nous franchissons le Pont du Diable (BTZ36) pour passer au pied de la villa Belza, surplombée par une petite tour en forme de poivrière. Construite aux environs de 1880 par l'architecte Alphonse Bertrand. Propriété de M. et Mme Dufresnay, elle fut achetée en 1927 par M. Balankine qui la transforma en "Château Basque". Elle fut alors, au temps des années folles, un lieu trépidant où se donnait rendez-vous l'aristocratie russe très nombreuse à Biarritz à ce moment là.

La Villa Belza

On peut observer durant la période estivale (juillet à septembre) de belles touffes de Lavande de mer sur les falaises rocheuses qui surplombent la chaussée. On trouve également beaucoup de Criste marine, tout au long de cette promenade littorale. Cette plante parfois nommée Fenouil marin ou Perce-pierre est halophile, ce qui lui permet de se développer en présence des embruns chargés en sel. Très résistante face à la sécheresse, elle va chercher l'humidité en profondeur et la stocke dans ses feuilles charnues. Elle est parfois utilisée en condiment, macérée dans du vinaigre blanc comme des cornichons.

Lavande de merCriste marine

La Villa Belza, construite sur un éperon rocheux,  surplombe une cavité qu'il est possible de traverser par grande marée basse. Le site est escarpé, les rochers sont glissants, on ne peut s'y aventurer qu'avec la plus grande prudence (ce que je déconseille au public en général).

Au cours d'un de mes passages dans le secteur, j'ai découvert, au pied des rochers nommés "Cachaous" (côté nord), une pierre ressemblant à celle que j'avais repérée au pied du phare (BTZ37). Je pense qu'il s'agit également d'une meule identique à celles que l'on trouve sur le site de Sorgin Xilo à Hendaye.

Meule dans la zone de la villa Belza

Au-delà de la Villa Belza, nous poursuivons en longeant l'Océan sur le boulevard du Prince de Galles en direction de la Côte des Basques. Le Prince de Galles était le fils de la reine Mary et du roi Georges VII. Il reçu le titre de Prince de Galles en 1910, au moment du décès de son grand-père, le roi Édouard VII. Le Prince de Galles résidait régulièrement à la villa Hélianthe qui se situe en haut de la Côte des Basques, et c'est le 26 octobre 1931 que le conseil municipal a décidé de donner son nom au boulevard situé en pied des falaises de la Côte des Basques.

Nous passons devant l'ancien établissement de bains (BTZ37) qui fut reconstruit en 2008-2009 en remplacement du bâtiment art-déco qui avait été construit en 1930 par les propriétaires de l'hôtel Hélianthe situé au-dessus. La ville l'avait acheté en 1939, mais un effondrement de falaise survenu en 1971 l'avait partiellement détruit en rendu inexploitable. La Ville de Biarritz a procédé à de longues négociations avec le propriétaire de la falaise avant de pouvoir réaliser les travaux de drainage et stabilisation de la falaise qui surplombe le bâtiment. Une profonde tranchée drainante a été réalisée au niveau supérieur dans les alluvions, et un confortement par clouage associé à des voiles de protection en béton projeté a permis de stabilisé le versant. C'est donc suite à ces travaux auxquels j'ai participé, que cet établissement a pu connaître une seconde vie...

L'établissement de bains de la Côte des Basques.

Juste après l'établissement des bains, les arcatures en béton et en maçonnerie situés sous la villa Lilinita, témoignent des ouvrages de confortement qui se prolongeaient vers le Sud avant que la ville ne lance un projet de confortement général des falaises de la Côte des Basques s'étendant jusqu'à la plage Marbella.

On trouve sur le côté gauche de l'esplanade, au pied d'une chemin qui monte vers la falaise, une statue réalisée en 2007 par Joël Roux (BTZ38), à l'occasion du cinquantenaire des "Tontons surfeurs" qui furent les pionniers de cette discipline.

Tontons surfeurs - Joël RouxTontons surfeurs - Joël Roux

Un peu plus loin, on trouve un escalier qui monte dans la falaise. C'est au sommet de la première volée, sur la droite (BTZ39), que l'on peut trouver au printemps, une magnifique station d'Ophrys abeille. Espérons, que les futurs aménagements paysagers ne détruiront pas ces magnifiques petites orchidées... En prenant l'apparence de certaines espèces d'insectes, les Ophrys attirent les mâles pour qu'ils tentent de s'accoupler car, de plus, ces plantes émettent des substances qui évoquent les phéromones de la femelle correspondante. Ainsi les Ophrys exploitent les espèces qu'ils imitent pour assurer leur pollinisation... 

Ophrys abeilleOphrys abeille

Les personnes intéressées par la botanique peuvent consulter le relevé botanique de la Côte des Basques que j'ai réalisé sur la base d'une étude d'impact datant de 1995 et selon des relevés que j'ai moi-même réalisés.

 

Les plus gourmands pourront cueillir le Tussilage dans les zones humides de marne, en pied de falaise, et confectionner des beignets de "pied de cheval"...

TussilageTussilageTussilageTussilage

Voici la recette : récoltez une vingtaine de belles feuilles tendres de Tussilage, lavez les, puis laissez les égoutter à plat sur un papier absorbant. Préparez votre pâte à beignets avec 250g de farine, 2 oeufs, 2 cuillerées à café d'huile d'olive, 1 verre 1/2 de lait, 1 pincée de sel et 2 cuillerées à café de rhum. Dès que le mélange est homogène, laissez reposer pendant 1 heure avant de plonger les feuilles une à une dans la pâte et de les frire dans une poêle sur un fond d'huile.

Le Tussilage est recherché pour ses propriétés pectorales et antitussives... On dit qu'il suffit de le respirer avec un entonnoir, pour être guéri des toux les plus coriaces. Toutefois, à chaque gorgée de parfum, il faudra boire un verre de vin... La médication ainsi prescrite en perd sa crédibilité , alors que le Tussilage a de véritable propriété officinale.

 

Si la marée est basse, il est possible de continuer en direction de Bidart, et je ne manquerai pas de poursuivre mes commentaires sur toutes les découvertes que l'on peut faire plus au Sud; par contre, à marée haute, notre promenade littorale prendra fin ici...

Voici quand même un aperçu de ce que je compte évoquer pour la suite: les anciens abattoirs de la Milady, le puits du château d'Ilbarritz, la villa "Les Ailes", et tant d'autres choses passionnantes !

 

Abattoirs de la MiladyPuits du château d'IlbarritzVilla Les Ailes

Le parcours a finalement été continué vers le sud le 17 décembre 2017, jusqu'à la chapelle notre Dame d'Uronea à Bidart. Je donne donc rendez-vous au plus curieux sur la page correspondante de mon site, pour découvrir quelques aspects souvent méconnus de notre patrimoine littoral.

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