Pic de Péguère

25-07-2003

Christiane, Jean Paul.

Dénivelée :  1340 m

Distance 13,500 Km

Total : 7H30 (montée 3H50)

Beau temps (nuageux au Sud).

Carte IGN TOP25 1647 OT - Vignemale - Ossau - Arrens - Cauterets

Les repères de type (PEGU01) renvoient au tableau de coordonnées GPS

Téléchargement direct des points grâce au travail de

Jean Pierre Guyon

Les points ont été calculés sur la carte à posteriori, ils sont tous bien implantés sur l'itinéraire, mais peuvent se trouver légèrement décalés par rapport aux points particuliers indiqués sur le topo ci-dessous...

Le superbe chemin bâti sur le versant Sud-Est du Péguère.

Nous quittons Biarritz à 6h00 et prenons l'autoroute jusqu'à Soumoulou; nous passons par Lourdes, Argelès- Gazost, et nous tournons à droite à Pierrefitte pour monter à Cauterets. Nous prenons la direction du Pont d'Espagne, nous passons à la Raillère puis à la cascade du Ceriset. Cent mètres après le second lacet, nous prenons un petit chemin de terre qui descend sur la droite, et stationnons la voiture avant le pont du Ceriset.

L'itinéraire décrit ci-dessous est en travaux depuis 2010, et ceux-ci étaient encore en cours en 2018 selon les renseignements indiqués par "Mariano" sur son site. Il faut donc se renseigner avant d'envisager de réaliser cette randonnée.

- Au moment de nous mettre en route, nous remarquons sur la gauche, avant le pont, une stèle à la mémoire de Prosper Demontzey (1831-1899), Inspecteur Général des Eaux et Forêts, qui reboisa le secteur du Péguère au XIXème siècle. En effet, ce massif fut presque totalement déboisé au temps de la marine à voile. C'est ce travail de reboisement qui nous donne le privilège de parcourir un superbe chemin (comprenant 77 lacets numérotés ! ) construit sur le flanc Sud-est du Péguère.

Stèle à la mémoire de Prosper Demontzey77 virages numérotés !

- 8H10 - 1262m (PEGU01) Nous traversons le pont du Ceriset et suivons l'indication d'un petit panneau en prenant le chemin qui monte sur notre droite (Nord). Nous trouvons des Compagnons rouges, de la Brunelle, des Silènes enflés, de superbes Campanules gantelées blanches, des Campanules agglomérées, de l'Origan, de la Mélampyre des prés, de l'Angélique, de la Vipérine, de l'Achillée millefeuille de l'Orpin réfléchi, de l'Hélianthème nummulaire et du Dompte venin. Quelques portions de sentier sont très endommagées par les coulées de neige, mais nous poursuivons notre ascension sur ce chemin sans réelle difficulté.

- 8h45 - 1400m (PEGU02) Une petite borne kilométrique miniature indique "Ceriset 1,5km". Nous admirons les superbes fruits rouges de l'Alisier blanc. Nous trouvons quelques pieds d'Aconit tue-loup, de la Grande Astrance, de l'Orpin blanc et du Millepertuis de Burser.

Ceriset 1,5km

- 9H21 L'altitude 1600m (PEGU03) est peint en rouge sur un rocher. Un lacet plus haut (lacet 44) nous atteignons la maison forestière où l'altitude 1608m est également mentionnée (PEGU04). nous poursuivons toujours sur le chemin jusqu'au lacet 60 (9H54 - 1800m (PEGU05)) où un petit banc de pierre offre ses services aux randonneurs. Nous trouvons un peu de Serpolet, des Scabieuses des bois et des Oeillets de Montpellier. De superbes papillons butinent les fleurs de chardon.

- 10H10 - 1855m (PEGU06) Nous passons au virage 67, d'où nous pouvons observer d'énormes ouvrages de confortement. Le sentier s'élève maintenant au dessus de ces travaux, mais quelques passages sont partiellement effondrés, sans présenter de difficultés pour les franchir. Nous remarquons quelques jolis pieds de Campanule à feuilles rondes.

Le superbe sentier s'élève au dessus de la zone de confortée.

- 10H37 - 1985m (PEGU07) Nous passons devant une ruine de cabane en pierres. Un effondrement plus important a nécessité la mise en place d'une passerelle que nous franchissons. Un superbe escalier de pierre (nous restons sur le chemin) descend en dessous du mur de soutènement de notre chemin, et quelques mètres plus loin, nous avons bénéficions d'une incroyable vue plongeante sur Cauterets.

Passerelle Escalier de pierreVue plongeante sur Cauterets.Vue plongeante sur Cauterets.

- Le chemin se poursuit à l'horizontale (PEGU08), nous trouvons du Saxifrage jaune de Montagnes et des Parnassies des marais. Deux isards traversent une combe au-dessus de nos têtes. Le petit reste un moment à nous observer sans avoir conscience du danger que nous pourrions représenter...

- 10H50 - 2030m (PEGU09) Nous voici à l'ultime virage numéroté : le 77... Ce n'est pas pour autant que nous sommes arrivés ! Nous passons versant Nord en poursuivant sur un sentier à flanc plus ou moins horizontal qui se dirige vers le Sud-ouest. Un isard broute dans la pente herbeuse en dessous de nous, mais il ne juge pas nécessaire d'interrompre son repas en raison de notre passage...

- 10H58 - 2070m (PEGU10) Le sentier est barré par un petit muret constitué de quelques pierres, une petite flèche rouge nous indique de quitter cette sente, et de tourner en faisant un lacet pour s'élever sur notre gauche. Ceci ne nous empêche pas de remarquer au passage une Gentiane printanière... Le sentier est abondamment cairné, il suffit donc de faire bien attention pour se laisser guider par les cairns jusqu'au sommet...

- 11H10 - 2085m Le sentier passe au pied d'un arbre et redescend légèrement (sans prendre la sente qui fait un lacet sur la gauche...). Nous trouvons des Rhinanthes lancéolées et du Géranium cendré.

- 11h26 - 2135 (PEGU11) Un bel éperon de rocher émerge face à nous sur le versant que nous parcourons, et nous voyons au Nord, la belle silhouette du Grand Barbat. Le sentier l'évite par un petit col sur la gauche. Des gerbes de Saxifrage à longues feuilles s'accrochent sur son versant Sud.

Le Grand Barbat.L'éperon rocheux.

- Nous descendons une dizaine de mètres derrière le passage en col et obliquons à gauche (PEGU12) au milieu d'un troupeau de brebis. Le sentier se redresse fortement et se glisse dans quelques passages rocheux. J'insiste sur le fait qu'il faut bien suivre les cairns, car toutes les personnes que nous avons rencontrées se sont éloignées de l'itinéraire balisé avant le sommet...

- 11H58 - 2316m (PEGU13) Nous voici au sommet du Péguère, d'où nous bénéficions d'une superbe vue sur le lac de Gaube. Hélas le Vignemale est coiffé par les nuages... Le Grand Barbat se dresse majestueusement à l'Ouest, et nous dominons au nord-Ouest le col d'Ilhéou. Nous dominons la station de ski de Cauterets avec le Soum de Grum et le Monné. Nous prenons le temps de faire un bon casse-croûte malgré l'arrivée d'une douzaine de randonneurs diversement équipés et expérimentés...

Lac de GaubeLe Soum de Grum et le MonnéCol d'Ilheou

Le Grand BarbatLe lac de Gaube et le Vignemale dans les nuages.Le Grand Barbat.

- 12H32 Nous quittons ce lieu de villégiature par l'itinéraire suivi à la montée.

- 13H23 Il ne nous reste plus que 77 lacets à descendre, une petite borne indique "Ceriset 6km"...

Le banc du virage 77...Une belle portion du chemin aménagé.Virage 64.

- 14H40 Nous passons à la maison de l'O.N.F. (virage 44).

- 15H40 Nous sommes à l'auto.

Extrait de la revue "Les feuilles du  pin à crochets" N°5 "Pyrénées, hommes et pierres" Décembre 2003

C'est peu dire que le Péguère surplombe Cauterets. De la Place de La mairie, son versant Sud-ouest impressionne toujours, même l'œil habitué. Mille quatre cent mètres vous dominent !

 Cauterets s'est construite autour des sources bienfaitrices, sur les rives du gave, juste sous les versants menaçants du Péguère. Pas le choix d'aller ailleurs, Barèges est dans le même cas. Les nombreuses sources thermales sont donc placées dans la ligne de mire des couloirs du Péguère. Autant de déversoirs pour avalanches de pierres et de neige. Un danger qui a culminé à la fin du dix-neuvième siècle, au moment où la déforestation était maximale. La forêt du Péguère, seule à même de fixer les pentes escarpées, fournissait notamment des bûchettes de pins qui servaient à l'éclairage (Péguère vient du Latin pega, poix).

 Au printemps 1884, les bains de la Raillère, les établissements de Mahourat, de Saint-Sauveur et du Pré furent la cible pendant plusieurs jours d'un tir nourri de projectiles du Péguère. Les curistes, redoutant ce jeu de quilles, fuyaient. On parla de transférer ces eaux là à... Pierrefitte. Sagement, la Commission Syndicale de Saint-Savin céda la canonnière du Péguère à l'État. Un Vosgien, l'ingénieur Prosper Demontzey, prit les choses en main à la tête de l'administration forestière. Sa mission était de désarmer la canonnière. L'érudit cauterésien Alphonse Meillon écrit "qu'il pansa la blessure de la montagne. Là, il fit partir les blocs qui voulaient à toute force s'en aller ; ici, il "sous mura" ceux qui tenaient encore ; plus loin, il planta du gazon sur les surfaces sableuses ; ailleurs, il bâtit des revêtement en pierre ( ... ). Il dota la région de 6854 m de chemin muletier et de 14 km de sentiers forestiers" . "L'Hercule du reboisement" fit du Péguère son chef-d'œuvre de 1886 à 1892. Il planta des mélèzes, essence non endémique. La maquette des travaux fut présentée à l'Exposition universelle de 1889. Tous les travaux réalisés depuis par le service de la Restauration des Terrains en Montagne (RTM), composé d'agents de L'Office National des Forêts, se situent dans la stricte Logique de Demontzey, l'homme qui protégea les hommes des pierres...

L'ascension du pic de Péguère montre bien les travaux gigantesques qui furent (et sont toujours) nécessaires pour la protection de Cauterets. La course part depuis Le gave de Jéret dont les eaux bouillonnantes ont le privilège d'être entièrement libres, non turbinées par une quelconque centrale E.D.F. Il y eut un tel projet dans les années 1950, mais la levée de boucliers fut telle que le projet avorta...

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