Ostabat - Asme

Izura - Azme

Sur le site d'Izura (ce qui signifie en Basque: "le versant") fut fondée au XIIème siècle, une bastide à plan régulier qui prit le nom gasconnisé de l'Ostabaret (Oztibarre en basque) : Ostabat, que l'on trouve dès 1140. Ostabat dépendit jusqu'à la Révolution, avec tout le pays d'Ostabaret, de l'évêché de Dax, et, au civil, des vicomtes de Dax et de Tartas, qui en firent hommage au roi de Navarre. Ainsi l'Ostabaret entra dans les « tierras d'aillent puertos » (terres d'outre ports) de la Navarre.

Ostabat fut le carrefour, sinon topographique, du moins géographique, de trois des quatre grandes voies de pèlerinage : celles partant de Tours, du Puy et de Vézelay. Ce fut le grand centre hospitalier du Pays Basque Nord. Dans le village, se trouvait l'hôpital Saint Antoine, maison "Ospitalia" actuelle, à côté de laquelle subsistent les restes d'une chapelle romane. Cette chapelle figurait encore sur les plans cadastraux de 1828, et constituait l'église paroissiale d'Ostabat. On trouvait anciennement à Ostabat, les maisons "Pelegrinia", "Ospitalzaharra", "Priorenia", dont les noms attestent du passage des pèlerins, sur les chemins de Compostelle.

Stèle sur le bord du chemin de Saint Jacques, à l'entrée d'Ostabat.

La ville basse "hors des murs" était un quartier modeste, où les hôpitaux étaient gratuits, dédiés aux jacquets pauvres ou malades. La ville haute, quant à elle,  bénéficiait d'une certaine opulence... Cependant, pour y entrer, il fallait payer un droit... Seuls pouvaient donc y pénétrer les pèlerins les plus riches... Dès le XIIIème, la ville haute devint le siège économique de la vallée d'Ostibarre, qui avait son propre système de poids et mesures.

Les privilèges d'Ostabat ayant été confirmés par Charles II de Navarre en 1381, la ville devint marché, siège d'un péage ; de nombreux notaires y élirent domicile. A destination des marchands et des pèlerins les plus fortunés, des hôtels "au sens moderne du terme" ouvrirent au XIVème siècle: hôtels de l'Ange, du Cheval Blanc, de la Clef, des Esches, de l'Épée, du Lion, de la Paille, du Portail, de Saint-Éloi, de Saint-George, du Roi, de la Chauce, de la Huche, de Colora et de la Fleur de Lys...

La partie haute du village fut construite, selon le modèle caractéristique des bastides, sur un quadrilatère de 100m sur 150 environ, avec une rue centrale, deux rues parallèles, et des rues se croisant à angle droit. Elle fut même entourée de remparts, dont il reste encore des vestiges à côté de la maison "Portalia". Ces fortifications éphémères furent détruits par le roi de Navarre, Sanche le Fort, en 1228.

Aujourd'hui, Ostabat compte un peu plus de deux cents habitants.

Henri IV, après les guerres qui avaient ruiné Ostabat, renouvela ses privilèges et restaura son marché. Face à l'église, qui a été rebâtie au XIXème siècle, se trouve la mairie, qui est édifiée à l'emplacement de l'ancien marché couvert, dont il reste des arcades au sous-sol.

On trouve à l'intérieur de l'église un beau chemin de croix polychrome, avec un cartouche en langue basque, au-dessous de chaque tableau.

Première station.Troisième station.Douzième station

On peut y voir également des tableaux représentant les évangélistes.

Saint MathieuSaint Marc et son lion.

De très nombreux linteaux sculptés ornent les façades des maisons du village. Celui du forgeron Barca, compagnon du tour de France, daté de 1825, est remarquable. On y reconnaît ses outils, ainsi qu'un fer à cheval, de part et d'autre de la représentation de son buste, et son bâton de compagnon, placé horizontalement en partis basse, semble souligner le tout, si ce n'est en constituer la signature...

Sur la façade de la maison voisine, un superbe linteau, hélas assez dégradé, indique que son propriétaire était notaire royal: "JEAN PIERRE DE POURNAU NOTAIRE ROYAL FIT BATIR CONJOINTEMENT AVEC MARIE DARROSTEGUY 1766"

Barca, compagnon maréchal ferrant en 1825.Jean Pierre POURNAU notaire royal en 1766.

Les deux linteaux ci-dessous sont constitués d'un texte entourant un ostensoir. On peut remarquer sur celui de gauche, "FAIT BATIR PAR MOI JEAN CHANCHO ET MARIE GALHARRE CONJOINTS D'OSTABAT 21 MAI 1804 L'AN 12 DE LA REPUBLIQUE PAR MOI HARISPE DE LACARRA", que le mot "REPUBLIQUE" a été martelé... On remarquera également que le nom d'Harispe revient sur le linteau de droite: "MAISON BATIE POUR ARNAUD D'ILHARRE FILS ET LUCI NE SALHA CONJOINTS LE 25 NOVEMBRE 1806 FAIT HARISPE".

Arnaut Haristoy et Marie Irigoin 1811.1816 Pax vobis.

On trouve de très belles maison de style bas-navarrais, caractérisé par un encadrement de pierre qui part de la porte d'entrée et englobe les ouvertures sur l'axe de symétrie de la façade. C'est ce qu'on appelle la "bouteille".

Fait bâtir par Joannes Arrocain et Gracieuse Chancho l'an 1816.Fait bâtir par Pierre Larrondo - Irigoin Marie, conjoints, et leur fille Quitterie 1906.Forme caractéristique de la bouteille.

Le syndicat d'Ostibarre se réunit en ce lieu depuis 1996.

Dans le quartier Irizola, se trouve une source miraculeuse, avec un puit, consacrée à la Vierge.

Asme, réuni à Ostabat en 1841, possédait une église détruite au XIXème siècle, et désignée sous le nom de Saint-Jean-de-Laxaga au XIVème siècle. Les maisons Aphalain, Apezetxe, Iribarnia, Irigoina, datent de la même époque.

A Asme s'élève encore le château de Laxague, qui date du XIIIème; avec sa tour d'entrée, son enceinte, ses arcatures en arc brisé, c'est un des plus beaux édifices militaires de la région. Il appartenait à la famille de Laxaga, une des principales de la Navarre. Pes de Laxaga mort en 1394 fut ricombre et grand chambellan du roi de Navarre, il partit pour la croisade en Albanie. Son testament, et son exécution testamentaire, démontrent son immense richesse: "draps et parements pour ses chambres, nombreux livres, meubles, vaisselle et couverts d'argent, colliers d'or, de saphir et de perles"... Sa garde-robe comprenait "plusieurs manteaux, chausses et houppelandes fourrés de gris, de martre et de menu-vair, une robe de satin noir, une houppelande de drap vermeil et de taffetas"... Pes de Laxaga était croyant, et, en chrétien accompli, il ordonnait donc des legs pieux: l'hospice de Ronceveaux et de la cathédrale de Pampelune reçurent des dons, et les draps de lit allaient aux hôpitaux voisins. Quelques florins étaient distribués aux valets, jongleurs et pauvres proches du château, ainsi que quelques denrées aux couvents et lieux de charité.

Si Pes de Laxaga n'a pas fait de pèlerinage, il a demandé dans son testament, qu'un pèlerin aille en son nom, pour quelques centaines de florins, non pas à Saint Jacques de Compostelle, mais au Saint Sépulcre à Jérusalem...

Selon la légende, les chaînes du pont-levis étaient si bruyantes, qu'on les entendait jusqu'à Navarrenx (qui se trouve quand-même à 26km d'Ostabat)...


A 2,5km au Nord-Est du centre du village, à 155 mètres d'altitude dans le bois de Harambeltz, se trouve la chapelle romane St-Nicolas (hospitale Sancti Nicolai de Arambels, quod est situm prope Ostayuall, selon un texte du XIIème siècle) dédiée à St. Nicolas de Bari, très honoré sur la route de Compostelle. Cette chapelle est le dernier vestige du prieuré-hôpital fondé au XIème siècle.

Un chrisme surmonté d'une croix de Malte et d'une étoile à cinq branches, est gravé sur le tympan de la porte. A l'intérieur, on trouve sur les murs lambrissés, un décor polychrome du XVIIIème siècle qui mériterait une restauration... La voûte, en bois, est peinte en trompe l'œil, pour imiter un appareillage de briques. De part et d'autre du médaillon central, on peut remarquer le soleil et la lune. Le retable baroque date du XIIème; entouré de colonnes sculptées de motifs végétaux, le panneau central représente Saint Nicolas entouré des enfants de la légende*. On y trouve également une statue de Saint Jacques en pèlerin, en bois doré, qui date du XVème siècle. Dans l'allée centrale, on trouve les dalles funéraires des prieurs d'Harambeltz.

Le prieuré de Harambels recevait les pèlerins et, sous la direction du prieur, avait une communauté de donats** dont les descendants, habitent encore les quatre maisons environnantes. Depuis la révolution, les familles voisines de la chapelle (Salla, Etcheverry, Borda et Etcheto), qui sont les descendants de ces donats, sont copropriétaires de la chapelle, et ils en assurent l'entretien. Ils en détiennent la clé, et c'est à eux qu'il faut s'adresser pour avoir le privilège de visiter cette chapelle...

La maison Etxeberria porte deux dates: 1786 qui correspond à sa reconstruction, deux ans après la suppression de l'hôpital, et 984 qui représente probablement la date de fondation de la lignée de ses bâtisseurs, aux origines d'Harambeltz...

*La Légende de Saint Nicolas veut que le saint ait ressuscité trois petits enfants qui étaient venus demander l'hospitalité à un boucher. Celui-ci les accueillit et profita de leur sommeil pour les découper en morceaux et les mettre au saloir.
Sept ans plus tard, Saint Nicolas passant par là demande au boucher de lui servir ce petit salé vieux de sept ans.
Terrorisé le boucher prit la fuite et Saint Nicolas fit revenir les enfants à la vie.

** Les donats étaient des laïcs qui s'étaient voués à l'entretien du sanctuaire, tout en exploitant les terres du prieuré. Chevilles ouvrières des institutions charitables, ils faisaient les vœux mineurs: obéissance, pauvreté et chasteté en cas de veuvage.

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